Il s'agit de beaucoup de flammes ces jours-ci
Adrien Candiard parle de l’Espérance en partant de l’exil des hébreux à Babylone. Veilleur, dis-nous où en est la nuit ! Je vous recommande cette lecture. C’est au cœur des moments les plus sombres de notre vie que peut jaillir l’espérance.
Il s’agit de beaucoup de flammes ces jours-ci :
La flamme du soldat inconnu qui brûle depuis 100 ans, ravivée chaque jour quoique toujours présente, ravivée peut-être comme la flamme de ces femmes qui attendent l’époux et qui figurent le monde qui attend son Seigneur ?
La flamme de l’Espérance Péguy nous dit :
Ce qui m'étonne, dit Dieu, c'est l'espérance. Et je n'en reviens pas. Cette petite espérance qui n'a l'air de rien du tout. Cette petite fille espérance. Immortelle. Car mes trois vertus, dit Dieu. Les trois vertus mes créatures. Mes filles mes enfants. Sont elles-mêmes comme mes autres créatures. De la race des hommes. La Foi est une Épouse fidèle. La Charité est une Mère. Une mère ardente, pleine de cœur. Ou une sœur aînée qui est comme une mère. L'Espérance est une petite fille de rien du tout. Qui est venue au monde le jour de Noël de l'année dernière. Qui joue encore avec le bonhomme Janvier. Avec ses petits sapins en bois d'Allemagne couverts de givre peint. Et avec son bœuf et son âne en bois d'Allemagne. Peints. Et avec sa crèche pleine de paille que les bêtes ne mangent pas. Puisqu'elles sont en bois. C'est cette petite fille pourtant qui traversera les mondes. Cette petite fille de rien du tout. Elle seule, portant les autres, qui traversera les mondes révolus.[...]Mais l'espérance ne va pas de soi. L'espérance ne va pas toute seule. Pour espérer, mon enfant, il faut être bien heureux, il faut avoir obtenu, reçu une grande grâce.[...] La petite espérance s'avance entre ses deux grandes sœurs et on ne prend pas seulement garde à elle. Sur le chemin du salut, sur le chemin charnel, sur le chemin raboteux du salut, sur la route interminable, sur la route entre ses deux sœurs la petite espérance S'avance. Entre ses deux grandes sœurs. Celle qui est mariée. Et celle qui est mère. Et l'on n'a d'attention, le peuple chrétien n'a d'attention que pour les deux grandes sœurs. La première et la dernière. Qui vont au plus pressé. Au temps présent. À l'instant momentané qui passe. Le peuple chrétien ne voit que les deux grandes sœurs, n'a de regard que pour les deux grandes sœurs. Celle qui est à droite et celle qui est à gauche. Et il ne voit quasiment pas celle qui est au milieu. La petite, celle qui va encore à l'école. Et qui marche. Perdue entre les jupes de ses sœurs.
Et en réalité c’est elle, la petite espérance qui fait marcher les deux autres
Cette flamme nous la verrons ici le 17 décembre allumée à Bethléem et amenée par les scouts chez qui je suis allé hier au soir célébrer la messe dans la campagne de l’entre-deux mers me demandant, je m’en confesserai, si c’était bien indispensable d’aller sur ces routes de campagnes sous un crachin désespérant pour rencontrer des enfants et des jeunes qui au mieux me supportent. Me répondant moi-même je disais malgré tout : oui, c’est là qu’il faut que tu sois parce que c’est dans ce qui fait désespérer le monde que l’espérance veut choisir de naître et de grandir.
Je vois 3 flammes :
Celle du soldat inconnu. Croyez vous qu’il y a 100 ans les gens se disaient : nous vivrons en Paix avec l’Allemagne ? Croyez-vous qu’ils le disaient en 1945 ? Et pourtant ils étaient dans l’espérance et cette espérance, qui reste toujours fragile, est devenue réalité, nous ne nous battons plus. La flamme du soldat est proche de celle de l’Espérance
Et la petite flamme de la crèche, croyez-vous que palestiniens et israéliens se disent : nous vivrons en paix ? et pourtant la petite espérance nous dit de la construire. La flamme de la crèche, c’est déjà la flamme de Pâques, C’est l’époux, c’est Jésus qui vient raviver notre flamme.
Adrien Candiard parle de l’Espérance en partant de l’exil des hébreux à Babylone. Veilleur, dis-nous où en est la nuit ! Je vous recommande cette lecture. C’est au cœur des moments les plus sombres de notre vie que peut jaillir l’espérance. Au cœur de nos maladies, de nos combats pour notre vie ; au cœur de nos difficultés relationnelles avec nos amis, nos voisins, dans notre couple ; au cœur de nos épreuves dans le travail ; c’est là que peut renaitre l’espérance, qu’elle doit grandir
Mais comme la flamme du soldat inconnu peut être ravivée chaque jour car elle brûle toujours un peu, il faut raviver la flamme de l’Espérance en nos vies et dans ce monde. Comment est-elle alimentée, même en veilleuse pour redevenir flamme au moment nécessaire. Comment est-elle alimentée comme celle des jeunes filles qui attendent l’époux. Devant les difficultés et les drames présents dans ce monde, la guerre, l’épreuve climatique qui pousse des peuples à migrer, ne regardons-nous pas ailleurs, ne cherchons-nous pas à nous distraire alors qu’il faut regarder la réalité pour que soit ravivée et transmise l’Espérance. Posez-vous la question : qu’est qui nourrit en moi la petite espérance. La proximité de Jésus dans la prière et l’écoute de la Parole comme dans la lecture de l’évangile du jour, de chaque jour. Le geste d’amitié pour celui qui attend une visite, l’acte d’engagement au service des plus pauvres dans la pratique des œuvres de charité : nourrir, vêtir, visiter, soigner … Comment est-ce que j’entretiens la petite flamme de l’Espérance
Si nous avons fait la paix avec les peuples voisins, croyons aussi à ce qui peut paraître aujourd’hui à l’est de l’Europe comme en Terre Sainte un défi impossible. L’Espérance peut tout. Depuis la Pâque du Christ nous devons y croire !. Un jour la Paix viendra, mais seulement si nous avons gardé allumée la flamme de l’Espérance.
C’est elle, la petite espérance qui fait marcher les deux autres, la foi et la charité Mais l'Espérance aime ce qui sera. Dans le temps et dans l'éternité. Pour ainsi dire dans le futur de l'éternité. L'Espérance voit ce qui n'est pas encore et qui sera. La petite espérance. S'avance. Et au milieu entre ses deux grandes sœurs elle a l'air de se laisser traîner. Comme une enfant qui n'aurait pas la force de marcher. Et qu'on traînerait sur cette route malgré elle. Et en réalité c'est elle qui fait marcher les deux autres. Et qui les traîne. Et qui fait marcher tout le monde. Et qui le traîne. Car on ne travaille jamais que pour les enfants. Et les deux grandes ne marchent que pour la petite.
Père Gérard Faure, curé