Indiana Jones et la Dernière Croisade
Dieu se révèle !
Sur une haute montagne, le Seigneur se manifeste de façon toute particulière à trois de ses apôtres, Pierre, Jacques et Jean, trio que l’on retrouve à la guérison de la fille de Jaïre en Saint Matthieu, Saint Marc et Saint Luc mais aussi, et c’est crucial en l’occurrence, le Jeudi Saint à Gethsémani entre le dernier repas de Jésus et son arrestation.
Dieu se révèle en Jésus-Christ sur le mont Thabor dit-on, sur une haute montagne dit le texte, et il ne fait pas dans la dentelle. La haute montagne peut non seulement évoquer un lieu qui, dans plusieurs religions, évoque la présence de Dieu, mais s’ajoutent là Moïse et Élie, La Loi et les Prophètes, qui ont fait chacun d’eux l’expérience de la rencontre de Dieu dans le Sinaï, Moïse dans la force et le bruit, Élie dans la douceur d’un souffle fragile.
Dieu se révèle aujourd’hui et puisque comme chaque année nous faisons en carême une démarche catéchuménale, soyons attentifs à la façon, aux façons multiples que l’Esprit-Saint a de réveiller la présence de Dieu en nous, dans l’humanité, dans l’Église et regardons aussi la façon dont les catéchumènes, souvent en leur corps défendant, accueillent cette révélation.
Certes, et heureusement, tout le monde n’est pas Saint Paul qui tombe, illuminé sur le chemin de Damas, ou Frossard et autres Claudel qui entrent athées dans une église et qui en ressortent croyants. Mais il y a cependant à chaque fois un événement, une rencontre, qui suscite une inspiration et invite à reconnaitre la présence de Dieu. Bien souvent, la personne concernée ne comprend pas tout de suite ce qui lui arrive. C’est normal. Pierre, Jacques et Jean son frère, même si seul St Marc le précise, ne comprirent pas ce que cela signifiait.
De fait, nous non plus, nous tous, nous ne comprenons pas toujours ce qui nous arrive, peut-être parce que nous avons peur quand Dieu nous parle, peut-être parce que nous savons plus ou moins consciemment que sa Parole va nous faire sortir de notre « zone de confort » pour parler à la mode, va nous demander une conversion, pour parler un langage plus spirituel.
Dans le processus, pour accompagner ceux qui se préparent au baptême, ou à la confirmation ou à l’eucharistie, chacun chemine avec ce que nous appelons un « aîné dans la foi ». Une personne de la communauté que le candidat au sacrement va rencontrer où il veut et quand il veut, pour qu’ils cheminent ensemble, chacun selon son rythme propre. Ça peut impressionner, surtout si on ne croit pas en l’action de l’Esprit-Saint qui agit à travers nos compétences, qui agit aussi avec nos propres manques.
Dans ces rencontres, dans cet accompagnement, on peut dire que l’aîné dans la foi comme le candidat au sacrement s’illuminent mutuellement. Plus justement il faudrait dire que le Seigneur illumine chacun d’eux par le partage de leur expérience commune.
Mais je ne voudrais pas faire peur alors que je veux évoquer une réalité très simple, bien que forte : permettre à chaque candidat d’être pris en compte selon son histoire personnelle, son chemin de découverte de l’Église, de l’évangile, de l’Esprit Saint qui travaille les cœurs. L’aîné dans la foi n’est pas plus près de Dieu, il est seulement plus ancien sur le chemin de la foi sur lequel nous faisons la rencontre de Jésus, avec qui nous montons parfois au Thabor mais aussi au calvaire qui, sans être une haute montagne, comme d’ailleurs le Thabor qui ne concurrence pas l’Everest, est cependant le point culminant de Jérusalem, lieu du calvaire et du tombeau vide !
À la fin du film de Spielberg avec Sean Connery et Harrison Ford intitulé Indiana Jones et la Dernière Croisade, Indiana Jones subit des épreuves pour franchir un passage où tous ceux qui ont voulu le faire sont morts. Pour sauver son père cruellement blessé, il avance avec dans sa main un livre écrit par son père lui aussi archéologue.
Première épreuve, l’énigme dit : le disciple est humble devant Dieu. Indiana se baisse près du sol, de l’humus, et évite ainsi la décapitation.
Deuxième épreuve, l’énigme dit : le disciple met ses pas dans le nom de Dieu. Indiana marche sur un dallage dont certaines pierres sont marquées des initiales de Jehova, s’il se trompe, la pierre s’écroule. Mais il ne se rompe qu’une fois et passe pour arriver à un précipice.
Il s’agit là, troisième épreuve, de faire le saut de la foi. Indiana hésite, puis fait un pas et traverse. Ça tient !
Indiana n’est pas seul. D’une part, il a le livre de son père à la main mais en plus, pendant qu’il lit on voir le père joué par Sean Connery qui dit, qui prononce en même temps ce que son fils lit et qu’il l’a lui-même écrit. Et ça tient. Le père est un peu comme un aîné dans la foi mais, attention, ce n’est là qu’une image.
Mais peut-être que l’essentiel n’est pas là et d’ailleurs, quand j’ai pensé à vous gaver, comme on dit à Bordeaux, par mon film culte, c’est pour la finale.
Le Fils et le père reviennent de loin. Le père demande à son fils ce qu’il a appris dans cette aventure et après avoir répondu, Indiana dit à son père : « Et toi, qu’à tu reçu » et le père répond : « l’illumination »
Laissons-nous illuminer, transfigurer par les Seigneur. Rendons-nous disponibles pour accompagner les autres et se laisser illuminer mutuellement par eux. Ceux qui sont déjà « aînés dans la foi » auprès de catéchumènes vous diront qu’il en est ainsi et ils nous l’ont déjà dit ce matin.
Puissions-nous dire après cette matinée et cette célébration que nous recevons l’illumination de nos vies humaines, dans l’attente de la résurrection qui passe, nous n’en doutons pas, par la passion. C’est ce que nous célébrons à l’autel où ensemble nous porterons nos vies en offrandes.
Père Gérard Faure, Curé
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